Régine PRIEUR

Ma rencontre avec le métier de sage-femme s’est faite à travers ma vie personnelle. J’ai toujours aimé l’intensité et l’intimité dans les rencontres avec les gens. Et quand j’ai accouché de ma première fille, j’étais jeune et cette rencontre avec l’accouchement puis le bébé m’a impressionnée tout y était : intensité, intimité.

Voilà, je suis devenue sage-femme. Ma vie à l’école sage-femme a été assez agitée. Je n'aimais pas ce milieu. Trop raide pour moi.

L’allaitement est rentré dans ma vie de la même façon. J’ai aimé allaiter : la liberté, la vie, l’intensité, la simplicité que j’y ai trouvé. Et quand j’ai commencé à travailler, j’ai pris la mesure de nos incompétences graves.
C’était il y a quarante ans. Vous n’imaginez même pas ! On prenait les bébés à la naissance pour les aspirer et les mettre deux heures en couveuse, on les mettait à la nurserie toutes les nuits, on distribuait les biberons à toutes les mères qu’elles allaitent ou pas, on les faisait manger à 2 mois.

Mon côté rebelle et guerrière m’a sauvé des conseils de l’époque. Je n’ai jamais été obéissante, je suis assez casse pied et j’aime la vie et son Bazard.

Donc comme vous l’imaginez, j’ai plutôt cherché les petites structures et j’ai travaillé dans une petite maternité à Moissac. Et j’ai adoré ! La globalité, la transversalité.

Je suis devenue conseillère en lactation, nouveau métier, nous étions 4 ou 5 à passer l’examen à l’époque et mieux valait être autodidacte car personne en France ne savait rien chez les soignants. Puis ma maternité a fermé et là j’ai voyagé pour former sur l’allaitement : les Antilles, la nouvelle Calédonie, la Guyane. Et je suis devenue psychologue à l’hôpital à mi-temps.

Pendant ce temps j’étais une mère assez nulle. Impatiente, pas toujours disponible et mes 3 enfants ont survécus et je les aime. Je leur suis infiniment reconnaissante de s’en sortir si bien malgré moi.

J’ai fait bien d’autres choses et j’ai aimé ma vie professionnelle : échographiste, fait partie des équipes ihab (hôpital amis des bébés) , formatrice, psychologue puis j’ai ressenti le besoin de ne plus me disperser et d’approfondir l’accompagnement des parents et de leur bébé allaité ou non.

Aujourd'hui je suis là où je dois être.

Je considère mon cabinet de sage-femme libérale comme un lieu de vie et pas comme un cabinet médical et c’est ce que j’aime. Je vie avec des jeunes couples et échange avec eux toute la journée soit en consultation soit en groupe de parole. Cela m’empêche de vieillir trop vite.