Je crois que j’ai réalisé que j’étais enceinte le jour où j’ai accouché. Quand je dis enceinte, je ne parle pas du ventre rebondi, des symptômes qui vont avec et de la vague idée d’une petite chose qui grandit et gigote à l’intérieur de nous. Mais plutôt de cette conscience profonde d’un lien déjà présent, d’une intimité, d’un amour naissant.
Alors que ce petit bout était encore bien au chaud dans mon ventre, et malgré les manifestations très vives de sa présence, je n’arrivais pas à me l’imaginer. Je n’avais aucune idée de ce qui me saisirait au moment où je verrais les grands yeux interrogateurs de ce petit bout qui ne pleurait pas. Je n’avais pas de notion très précise de ce qui m’attendait. Quand il était encore bien au chaud dans mon ventre, je n’arrivais qu’à visualiser une petite chose qui me regarderait vaguement et qui recevrait mes soins plus ou moins passivement. Je n’avais aucune idée de la proximité qui serait la nôtre et de l’intensité des besoins de ce petit être qui attendait tout de moi.
C’est peut-être pour cela que j’ ai eu droit à un bébé aussi « difficile », comme on disait parfois autour de moi. Pour rattraper ces longs mois où je ne l’avais peut-être pas assez considéré. Ce qui était difficile pour moi, c’était justement d’entendre ce mot dans la bouche de certains. Et cette étiquette qu’on lui collait déjà. Je n’ai jamais considéré ni ressenti les choses de cette façon.
Quand j’ai croisé pour la première fois le terme de « bébé aux besoins intenses » au détour d’une lecture, je me suis dis : « Mais oui, c’est ça ! » Pour moi, il était intense. En tout. Dans son besoin de contact, sa manière d’exprimer ses besoins, ses émotions, son ressenti, dans sa façon d’être extrêmement présent depuis le début, dans son hypervigilance, sa manière de percevoir le monde et de réagir à son environnement.
Je n’avais jamais imaginé ces longues heures passées au sein, ces journées sans pouvoir le poser une seule seconde, ces premières nuits passées avec mon loulou bien serré dans son écharpe. Je n’oublierai jamais ces premières nuits après mon retour de la maternité, dormant assise dans mon lit sans pouvoir seulement défaire le nœud de l’écharpe de portage, sous peine de voir s’ouvrir ce petit œil inquiet.
Passé cette étape, il y a eu la période où il ne pouvait dormir que sur mon ventre. Et plus tard, ces nuits à marcher, parfois jusqu’au petit matin, dans la maison pour lui assurer un peu de sommeil en continu. Et aussi pour éviter à papa d’être réveillé par les pleurs tonitruants de ce petit bout. Je n’oublierai jamais ces cris stridents et ces pleurs d’une intensité que je ne croyais pas possible pour un nouveau-né. Et ces yeux grands ouverts qui semblaient chercher partout un réconfort, une réponse, une aide… Je ne savais pas.
Ce bébé qui voulait toujours être porté, contenu. Avec qui le moindre trajet en voiture était un calvaire pour mon petit cœur de maman…
Et toutes ces nuits, plus tard encore, avec mon petit sous mon aile, lui, vérifiant ma présence à intervalles réguliers… Je ne savais pas à quoi m’attendre pour la suite.
Face à tout cela, à ces demandes, ces besoins un peu extrêmes, j’ai décidé de répondre à chaque fois, d’être présente, de donner, d’allaiter, de rassurer et de remplir cet immense réservoir affectif qui me paraissait (et me paraît toujours !) être un puits sans fond. Avec des doutes parfois, de la fatigue souvent, un brin de solitude aussi. Et tous ceux qui vous disent : « Mais posez-le ! » « Laissez-le pleurer ! » « Il te mène par le bout du nez, tu vas en faire un capricieux… »
J’ai respecté cette intensité. Et je recommencerai sans hésiter.
Je suis aujourd’hui la maman d’un petit garçon de 3 ans et demi, qui est toujours aussi intense et entier dans sa manière d’exprimer ses émotions, ce qu’il aime ou pas. Dans sa façon de regarder le monde et de s’émerveiller, de faire des choix, de montrer son affection, de se soucier de l’autre. Dans son envie d’aller vers les autres, à son rythme.
Un petit garçon qui sait ce qu’il veut, qui a des failles comme nous tous mais aussi plein de belles qualités et une jolie joie de vivre.
Oublié ce vilain mot : « difficile ». Je me délecte à présent de voir grandir l’être si parfaitement imparfait qu’il est devenu.
33 avenue Marcel Dassault
31100 Toulouse
05.61.95.67.35
hello@spirale.com
Inscrivez-vous à notre newsletter personnalisée et recevez des informations et conseils sur les thèmes que vous souhaitez !
S’inscrire à la newsletter© 2024 Spirale - éditions érès | Mentions Légales | Plan du site