03 mars 2022

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Depuis le temps que j’attendais ça… ça y est, je suis enceinte ! J’avais tellement peur de mettre beaucoup de temps à y arriver, ou pire, d’être stérile. Avec de l’endométriose et un fibrome utérin, je me pensais vraiment mal partie, on nous raconte tellement de choses. Mais non, même pas trois mois et la graine est plantée ! C’est marrant, le lendemain de la conception je disais à mon conjoint : « Tu crois qu’il est possible que je sache que je suis enceinte ? Parce que j’ai vraiment l’impression de le ressentir, sans pouvoir l’expliquer. » Depuis, cette sensation ne m’a pas quittée. J’ai quand même patienté jusqu’au premier jour supposé de mes règles, deux longues semaines, mais la preuve est là, je suis enceinte. Nous sommes les plus heureux du monde, le soir même nous célébrons ça ! C’est la première fois que je suis aussi heureuse de trinquer avec un cocktail sans alcool. Nous ne pouvons enlever ce sourire béat de notre visage, nous passons une bonne partie de la soirée à faire une liste de prénoms. Dans la semaine, nous l’avons déjà annoncé à plusieurs personnes, nous sommes tellement heureux et avons besoin de le partager. Ce furent dix-sept jours magiques…

Nous sommes chez des amis, ils ont une petite fille de 18 mois. La maman me montre la chambre et toutes ses affaires, je mémorise tout ce qui pourrait bien me servir. Puis j’ai besoin d’aller aux toilettes, mon cœur commence à battre très fort et très vite, je sens une petite boule dans ma gorge, je vois du sang sur le papier. J’essaie de me rassurer : je sais que ça peut arriver des petites pertes de sang, mais quand même. Alors je prétexte qu’il est tard et qu’il faut rentrer, sur le chemin je ne dis rien à mon conjoint – on ne sait jamais, je peux me tromper. Alors je regarde sur mon téléphone toutes les causes possibles. Dès notre arrivée, je fonce aux toilettes puis je m’effondre dans les bras de mon cher et tendre. Nous sommes dimanche soir et rien n’est sûr, une sage-femme me dit que c’est tout à fait normal, il ne faut pas s’inquiéter. Ne pas s’inquiéter… ok, mais comment ? Le lendemain, direction chez le gynéco, le verdict tombe, il est glacial, il n’y a pas de bébé. À ce stade nous ne pouvons pas savoir si c’est parce que je fais une grossesse extra-utérine ou si c’est une fausse couche. Après deux prises de sang à 48 heures d’intervalle, les Beta hcg ont chuté, c’est une fausse couche.

Une fausse couche ! Mais pourquoi ? Pas de raison particulière, et plein de raisons possibles aussi. On nous dira beaucoup que « la nature est bien faite » : c’est que le fœtus n’était pas viable.

Non, désolée, mais la nature n’est pas bien faite, parce que pour nous, ce n’étais pas un fœtus mais un bébé, et ce bébé, nous l’aimions déjà plus que tout. Il y a beaucoup de phrases qui vont nous être dites dans le but de nous rassurer, de nous consoler. Mais je suis triste et en colère, je ne veux pas que l’on me sorte ces débilités, je veux exploser, je veux crier, j’en veux à la terre entière. Moi qui suis d’habitude si gaie, qui trouve toujours le positif dans le négatif et me relève toujours malgré les pires épreuves…, cette fois, je suis à terre. Je me sens partir et je demande de l’aide. Après avoir vu une énergéticienne et fait deux séance d’emdr [1], je me sens déjà un peu mieux. Je n’ai plus toute cette colère, je suis triste d’avoir perdu ce petit être mais j’accepte que ce n’était pas son heure. Je ne garde en mémoire que les belles choses qu’il m’a apportées, cette lumière que j’ai eue en moi pendant un mois.

Ce furent les trois mois et demi les plus longs de ma vie, mais nous avons enfin une bonne nouvelle : je suis enceinte. Cette fois nous restons sur nos gardes et ne nous enflammons pas, chat échaudé craint l’eau froide. Première écho à un mois de la conception, nous avons le ventre noué, nous nous tenons fort la main mais nous voyons une petite cacahuète et entendons un cœur qui bat ! Nous sommes soulagés d’avoir passé cette épreuve, mais il nous faudra encore un peu de temps pour y croire et se laisser aller à rêver de notre futur à trois.

Neuf mois plus tard, nous avons dans les bras un bébé magnifique qui fait chavirer notre cœur.