J’ai fait une préparation à l’accouchement plutôt rapide et très imagée, la sage-femme me demandait si j’avais des questions. Comment se questionner sur quelque chose d’inconnu ? La question était plutôt : est-ce que ça va bien se passer ? Est-ce que je vais y arriver ? Est-ce que je vais être une bonne mère ? Est-ce que mon bébé va être en bonne santé… ? Toutes ces questions auxquelles la sage-femme, fût-elle professionnelle ou pas, ne pouvait répondre. Alors, non, je n’avais pas de question précise. La séance de présentation de l’allaitement est arrivée, la présentation fut brève et très imagée, toutes les positions d’allaitement ont été abordées et toujours la fameuse demande : vous avez des questions ? Alors, oui, je m’étais demandé si je voulais allaiter ou pas, ma mère et mes sœurs avaient allaité jusqu’aux 2 ou 3 mois du bébé. On entend dans tous les médias que l’allaitement maternel est bon pour les bébés, surtout la première tétée car elle contient plein de vitamines et tout ce qui est nécessaire au bébé. Donc ma réflexion à ce sujet en était là : oui, je vais allaiter sûrement deux ou trois mois, comme la plupart des personnes que je connais, et arrêterai à la reprise du travail car cela me fatiguera sûrement beaucoup. L’accouchement a été programmé car j’ai une maladie de peau, et l’obstétricien préférait être présent. J’ai accouché de ma petite puce en mai 2014. Le personnel en salle d’accouchement était très gentil et agréable. Au fur et à mesure que le temps avançait et que l’arrivée de ma poupée se faisait imminente, le sentiment que tout m’échappait se faisait très présent. Ce besoin de contrôler les choses était ici une belle illusion… Il y avait peu d’accouchements ce jour-là, ce qui a peut-être aussi favorisé leur présence et leur bienveillance à mon égard, en tout cas, cela m’a beaucoup aidée à surmonter ce mélange de peur, de crainte, mais aussi d’excitation et de hâte de découvrir ce petit être qui vivait en moi et qui faisait la java dès que je mettais un pied dans le bain ou que je m’allongeais sur mon lit. Je lui avais parlé, je lui avais chanté des berceuses, mais là, cela devenait réel, concret et surtout palpable ! Ma fille est donc arrivée en bonne santé, l’accouchement avec mon obstétricien s’est très bien déroulé. J’ai accouché, j’ai pu toucher ses cheveux, son nez, et enfin l’attraper pour la mener jusqu’à moi… C’était un moment magique, et surtout, j’étais soulagée de voir qu’elle avait tout ce qu’il lui fallait et était en bonne santé. J’ai donné le sein à la suite de l’accouchement, ma fille a pris les deux seins sans problème particulier. Puis, elle a eu un biberon de complément car elle pesait 2,530 kg et que les compléments sont donnés automatiquement à tous les nourrissons de moins de 2,800 kg.
Nous sommes montés en chambre le soir, vers 22 h, et c’est là que tout a commencé à être compliqué. L’équipe soignante m’a demandé si je souhaitais l’allaiter, j’ai répondu que oui, si cela était possible. Le conseil était alors de lui donner à téter toutes les 4 heures et qu’il fallait la faire patienter minimum 3 heures entre deux tétées. Ma fille dormait, la puéricultrice est arrivée pour la réveiller et la mettre au sein, mais elle n’avait pas faim et n’a pas voulu le sein, elle est allée chercher un biberon et m’a dit qu’elle n’arrivait pas à prendre le sein. Bon, je l’acceptai en me disant que la prochaine tétée se passerait sûrement mieux. Je m’étais plus ou moins préparée à cette éventualité et m’étais dit que si cela ne fonctionnait pas bien, elle prendrait le biberon, que ce n’était pas grave. Mais il faut l’avouer, une fois devant l’échec, mon besoin et mon envie d’allaiter s’en sont trouvés décuplés. Je ne sais pas pourquoi mais d’un coup, je voulais absolument y arriver. Dès que ce sujet arrivait, je me mettais donc à fondre en larmes. Malheureusement, ce n’était que le début ! Ma fille était un bébé cool aux yeux de tous, elle dormait beaucoup et demandait très peu à téter. Il fallait toujours la réveiller et elle ne prenait que le biberon car le lait venait avec peu d’efforts, il fallait la stimuler pour qu’elle tète un peu. À ce moment-là, l’allaitement disparaissait au profit du biberon. Mon état psycho-logique devenait très difficile, car même si avant d’accoucher je m’étais dit que je voulais allaiter mais que si je n’y arrivais pas, ce ne serait pas un problème, plus je voyais qu’elle ne prenait pas le sein, plus je pleurais de désespoir. Le bout de sein qui devait aider ne faisait qu’aggraver la situation car mon bébé était alors faible. Une puéricultrice jeune et pleine d’assurance, qui n’avait jamais allaité, m’a alors pris durant plus de 30 minutes, en mettant mon compagnon et ma mère dehors, pour me répéter en boucle que l’allaitement n’est pas une obligation, que ma fille grandirait bien quand même, que je n’étais pas une mauvaise mère pour autant, que blablabla… Ce laïus terminé, elle sortit de la chambre en me laissant en pleine crise de nerfs (tremblements, pleurs, suffocations…). Ma mère et mon compagnon m’ont calmée et l’obstétricien est arrivé pour faire un bilan de post-accouchement. Il me trouve alors en pleurs, complètement désespérée face à cette incompréhension du corps médical qui ne voulait pas m’aider dans ma volonté d’allaiter. Mon obstétricien me dit alors d’aller voir, en sortant de la clinique, une sage-femme conseillère en allaitement. La pédiatre passe pour le bilan avant sortie et me demande si je veux l’allaiter, je lui réponds que oui, elle me dit alors de l’allaiter. Nous sommes sortis de la clinique avec aucun complément ni nom de lait, ou quoi que soit, et ma fille n’avait toujours pas repris de poids. Le lendemain nous sommes arrivés chez la sage-femme qui m’a écoutée et rassurée. Elle m’a accompagnée pour la prise de tétée de ma fille qui a pris le sein sans le bout de sein – pour la petite histoire, d’ailleurs, je l’ai oublié chez elle et je ne l’ai jamais repris. Depuis c’est du bonheur, ma fille a rattrapé le temps perdu, elle a aujourd’hui 9 mois et tète toujours. J’ai repris le travail et je continue à lui donner le sein, c’est un vrai plaisir pour nous deux. C’est tellement simple et agréable au quotidien !
Si je devais avoir un conseil pour les futures jeunes mamans, c’est déjà d’avoir une bonne préparation à l’accouchement, mais aussi de persévérer si l’envie d’allaiter est présente, il n’est pas trop tard pour le faire même si, les premiers jours, le bébé a eu un biberon.
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