03 mars 2022

Mélanie

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C’était évident pour moi que je serais maman... mais je ne veux pas faire un autre enfant. Depuis toute petite, je materne mes amis, je prends exemple sur ma mère (mère au foyer pendant vingt ans) et les femmes de ma famille, et je savais que j’aurais à mon tour des enfants. Mon premier compagnon, avec qui j’étais de 16 ans à 24 ans, voulait des enfants le plus tôt possible. Je n’étais pas contre, mais je voulais finir mes études. Quand je l’ai quitté, je me suis dit que ça n’arriverait sûrement pas avant longtemps... J’étais triste parce que j’avais très envie que mon enfant connaisse ma grand-mère, qui ne sera pas éternelle... Et dans ma dernière année d’études, au même moment, j’ai commencé à côtoyer plusieurs amis qui ne voulaient vraiment pas d’enfant. Je comprenais leur choix mais moi, je ne me voyais pas ne pas essayer. Finalement, j’ai rencontré un garçon formidable presque immédiatement et, après quelques années de vie commune, il était tout à fait prêt à se lancer dans l’aventure. J’avais peur, mais comme souvent lui n’avait pas de doute et ça m’a rassurée. Il a fallu près d’un an et demi avant d’arriver à tomber enceinte, une grossesse sans complications et avec beaucoup de soutien du papa et de mes parents, un allaitement sans grand problème mais pour lequel il faut toujours se battre, et aujourd’hui, nous avons un petit bonhomme de 10 mois dont je suis très fière et que j’adore voir grandir.

Nous n’avons pas eu de réel problème, nous en sommes conscients, et pourtant... Les premières semaines au radar, à peiner à réaliser que nous étions enfin parents, à apprendre à s’occuper de ce tout petit être si dépendant, à ne pas pouvoir se passer de l’aide (parfois trop présente) de ma mère, perdre patience et ne pouvoir faire aucune activité autre que les besoins vitaux à cause de la fatigue, à chaque étape découvrir un monde de choses à apprendre (allaitement, alimentation, éducation, sommeil, portage, chaussures...), vouloir faire au mieux et parfois ne pas réussir, douter encore et toujours, défendre ses choix face aux autres, ne pas pouvoir s’empêcher de se comparer aux autres parents... Oui, on apprend beaucoup, beaucoup de choses sont intéressantes, notre petite famille nous comble d’amour et de beaux moments ensemble, les sourires de ce beau bébé apportent de la joie à tous (même aux inconnus), et on ne regrette pas une seconde qu’il fasse partie de notre vie ! 

Mais, depuis la grossesse je crois, on se dit que probablement on n’aura pas d’autre enfant... Parce que c’est difficilement entendable (dans la famille, dans la société) mais pour nous, qu’est-ce que c’est dur ! On n’est pas très résistants à la fatigue, peut-être un peu trop névrosés, heureusement complémentaires, et on n’imagine pas ne faire que ça, s’occuper des enfants... tout organiser autour d’eux... On adore passer du temps avec notre petit bonhomme mais une journée entière, c’est déjà trop, il demande tellement d’énergie... On a toujours mille projets en tête, on a du mal à sortir de notre zone de confort. Moi, j’ai envie un jour de renouer avec l’entrepreneuriat, de partir vivre à l’étranger... Moi qui voulais trois ou quatre enfants, parce que les familles nombreuses ont l’air si heureuses (mes deux frères et moi ne sommes pas très proches), parce qu’être enfant unique, c’est dommage, c’est triste, c’est pénalisant, c’est la solitude, c’est l’attention exclusive et étouffante des parents... J’imagine pouvoir élever un autre enfant, sans passer par l’étape bébé si délicate, moi qui rêvais d’avoir une fille et qui ai encore aujourd’hui tellement de mal à me projeter dans l’éducation d’un garçon, un jour je me pencherai sur l’idée de l’adoption. Parce qu’il y a tellement d’enfants qui existent déjà et qui n’ont pas la chance de pouvoir grandir dans de bonnes conditions (vive la récup’ !), et que nous sommes déjà suffisamment nombreux sur cette planète.