Article

Une présentation du service éducatif Repe, dont l'atout principal est une chienne nommée Islande.
22 nov. 2022
Temps de lecture : 10 min

Le Relais éducatif parents-enfants (repe)

Le repe est un service éducatif qui a vocation à apporter un accompagnement soutenu, par une équipe pluridisciplinaire, aux familles rencontrant des difficultés multiples, d’ordre éducatif, relationnel, social, psychologique…

Ses objectifs

Il s’agit de prévenir, dès la petite enfance, les difficultés éducatives susceptibles d’entraîner par la suite des carences graves et des séparations parents-enfants. Il permet en outre de sécuriser les retours en famille des enfants accueillis, et plus spécifiquement, ceux pris en charge à la pouponnière et en centre maternel. Enfin, il accompagne de manière soutenue, et/ou globale, les familles dans lesquelles il y a un risque de placement et un besoin d’étayage fort.

Ses missions

Professionnels de la relation d’aide, nous favorisons des actions visant l’accompagnement à la parentalité. Nous développons des activités autour de la relation parents/enfants et travaillons à la notion de permanence du lien.

La sécurité physique et affective de l’enfant est au cœur de nos échanges avec les parents, afin de lui permettre de se construire et d’affirmer son identité. Nous favorisons le développement des compétences individuelles et parentales.

La socialisation et l’ouverture sur l’extérieur sont privilégiées pour aider les familles à rompre leur isolement et les accompagner vers les structures de droit commun.

Nous intervenons au domicile des familles, à l’extérieur (médiathèque, ludothèque, parcs…) ou dans le service, pour des interventions individuelles ou collectives (entretiens, groupes de parole, ateliers cuisine, couture…) à visée éducative ou pédagogique.

Ses moyens

Nous travaillons en équipe pluridisciplinaire composée de douze professionnels et d’un chien d’accompagnement social Handi’Chiens [1], Islande.

L’accompagnement des familles se fait sur un an et est renouvelable une fois. Il est sollicité soit par le service social ou la protection maternelle infantile (pmi) de secteur, soit ordonné par le juge. Dans la majorité des cas, les familles sont contraintes d’accepter notre présence, qui se veut intensive. Dans les trois premiers mois, nous évaluons les capacités parentales afin de construire avec les parents le projet individuel de l’enfant. Le développement de l’enfant est un critère essentiel.

 

Le développement de l’enfant

Notions de base

D’après le guide de la puéricultrice, « le développement de l’enfant ne s’arrête pas à la maturation de son cerveau et de ses organes, ni à la croissance physique de son corps. Il va lui falloir mettre en place son système de communication et acquérir les règles de fonctionnement de son système social de relation, c’est-à-dire la motricité qui constitue la base de la locomotion, l’activité sensorielle et le langage, qui sont les composantes fondamentales de la communication, et l’apprentissage des conduites sociales qui président à la construction identitaire » (Gassier et Saint-Sauveur, 2007, p. 313-358).

Mais l’enfant ne peut se construire seul, il va mettre plusieurs années à répondre seul à ses besoins fondamentaux. Les interactions entre lui et son entourage sont essentielles pour l’aider à grandir. Les facteurs extérieurs d’ordre socio-économique, psychoaffectif, ont un rôle déterminant et peuvent modifier le modèle de croissance déterminé génétiquement.

Les besoins fondamentaux de l’enfant

Ils sont répartis en trois catégories :

     – les besoins physiologiques, dits « naturels » ou « primaires » : respirer, boire et manger, dormir, éliminer, être propre, se vêtir et se dévêtir. Pour les satisfaire, il est nécessaire de dégager les voies respiratoires de l’enfant, d’humidifier l’air, d’assurer l’alimentation et de réaliser l’équilibre nutritionnel, d’organiser le temps et d’aménager l’espace de repos, de prodiguer les soins d’hygiène corporelle et vestimentaire ;

     – les besoins affectifs et psychosociaux, ou secondaires : aimer et s’attacher, être sécurisé, découvrir, être apprécié, reconnu. Pour y répondre, il est essentiel d’assurer une présence, des relations stables et chaleureuses, de rassurer l’enfant et de le protéger des dangers, de favoriser l’exploration d’un espace, de le responsabiliser, d’utiliser ses capacités naissantes, de le valoriser ;

     – les besoins cognitifs, sensoriels et intellectuels : parler, expérimenter, se recréer, voir, sentir, toucher. Il est ici indispensable de dialoguer, de communiquer avec l’enfant, d’éduquer, de stimuler l’éveil sensoriel, de proposer, de faire découvrir et de favoriser la création.

Les constats

L’équipe du repe constate dans l’accompagnement des familles multicarencées que les besoins primaires ne sont pas toujours comblés. Si le besoin de respirer ne pose pas de problème, les autres besoins peuvent n’être que partiellement ou non satisfaits. Certains enfants ne mangent pas à leur faim, n’ont parfois même pas de couverts ; d’autres n’ont pas de lit, dorment sur un canapé et les rythmes de sommeil sont rarement respectés. Les conditions d’hygiène sont parfois déplorables, avec des tenues vestimentaires non adaptées à la saison et à l’âge de l’enfant.

Les besoins secondaires, qui doivent être assurés tout au long de la vie, sont la plupart du temps insatisfaits. Nous accompagnons quotidiennement des enfants présentant des troubles de l’attachement avec des mères ou parents qui ne décodent pas les signaux de leur enfant, qui ignorent ou répondent tardivement à ces signaux, qui imposent le rythme parental à leur bébé. Certains parents sont parfois plus sensibles à leurs propres besoins qu’à ceux du bébé, ils n’ont pas de contact physique avec l’enfant, ou ont des attentes irréalistes à son égard. D’autres ont une perception négative des comportements de l’enfant, montrant une froideur envers celui-ci, ou encore prodiguent les soins de façon mécanique.

Ces attitudes peuvent entraîner divers troubles chez l’enfant : l’absence de recherche de contact visuel, de réconfort de l’adulte en cas de détresse ; un malaise dans les contacts physiques avec les parents ; une demande constante d’attention ; l’apparence d’une grande sociabilité sans discrimination ; une absence d’empathie ; le maternage du parent ; une difficulté à se faire des amis ; une réponse aux limites par le rejet ou l’agressivité ; une réponse aux approches d’un adulte par un comportement entraînant le rejet.

En ce qui concerne les besoins cognitifs, nous observons des enfants qui présentent d’importants retards à la fois psychomoteurs et langagiers. Ils s’expriment par des gestes, ou encore manifestent de l’énervement ou de la colère car ils n’arrivent pas à se faire comprendre de l’adulte ou de leurs camarades.

Face à ces constats et à la difficulté d’instaurer un climat de confiance avec les familles, nous cherchons des moyens, des idées innovantes, des supports pour faciliter la relation et donner du sens à nos interventions. Le projet de travailler avec un chien d’accompagnement social formé par l’association Handi’Chiens nous a semblé très intéressant.

Ce projet, porté par l’équipe et la direction, a vu le jour en mai 2015, où nous avons accueilli Islande, une chienne Golden retriever de 2 ans.

 

Le chien

Comme l’explique H. Montagner (2007, p. 15-34), le chien ne juge pas, ne trahit pas. Il développe des capacités de base, ou « compétences socles », identiques à celles de l’enfant : il a une attention visuelle soutenue, un élan à l’interaction inépuisable, de nombreux comportements affiliatifs qui semblent montrer son adhésion à tout ce que fait ou dit l’enfant, des capacités d’imitation qui lui permettent d’être « éduqué » et une maîtrise très structurée des évolutions du corps dans l’espace. Par ses comportements, le chien aide l’enfant à dépasser ses peurs, son inquiétude, son anxiété et ses angoisses. Le chien facilite également l’entrée en relation des professionnels avec les familles. Il est un catalyseur dans les interactions sociales ; il rassure, stimule, permet la communication verbale, non verbale, donne de l’affection, sait en recevoir… Pour toutes ces qualités, il est un média incroyable avec les enfants et les parents auprès de qui nous intervenons.

D’autre part, les besoins fondamentaux du chien étant proches des besoins de l’enfant, il devient un support pertinent. Nous retrouvons, en effet, pour l’animal, et plus particulièrement chez le chien :

     – les besoins basiques/physiologiques que sont manger, boire, dormir, respirer, et les besoins de sécurité avec la nécessité d’avoir un lieu de repos le plus serein possible, un environnement stable et cohérent ;

     – les besoins psychologiques, sociaux. En effet, le chien a besoin d’interagir quotidiennement avec ses congénères et les humains ;

     – les besoins d’épanouissement. Cela consiste à proposer à l’animal diverses activités, en fonction de la race choisie. Elles peuvent être d’ordre locomoteur comme la promenade, la baignade, d’ordre intellectuel telles la recherche d’objet, l’éducation, d’ordre vocal comme les aboiements, hurlements, ou encore d’ordre masticatoire (os, jouets, cordes à tirer)…

 

Les objectifs de travail avec Islande

La présence d’Islande nous permet de travailler à la fois avec les parents et avec les enfants. Nous proposons des séances individuelles ou collectives en fonction d’objectifs précis définis en équipe.

Lors de ces séances, il est plus facile pour les professionnels de parler des besoins d’Islande que d’évoquer directement ceux des enfants. L’entretien est centré sur le chien, ce qui permet de pointer les difficultés sans disqualifier les parents. Il est possible, en effet, d’aborder plusieurs thèmes, comme les besoins fondamentaux de l’enfant : la nourriture (avec la fréquence, la quantité, la qualité) ; le repos, avec le respect des rythmes ; la propreté (notion d’hygiène, d’odeur, de soins, sans oublier les soins dentaires) ; la qualité des relations ; la protection contre les dangers (notion de limites) ; l’importance de la découverte de nouveaux lieux ou espaces ; la valorisation et les encouragements ; l’importance de la communication ; les jeux…

Les apports

Certaines familles apprécient – et le disent – de venir au repe pour « voir Islande ». La chienne est présente dans le service tous les jours avec ses référents, elle facilite la relation et permet de tisser un lien de confiance. Parfois, elle maintient le lien avec certaines familles lorsque l’accompagnement est difficile.

L’histoire particulière de cette chienne, confiée à une famille d’accueil jusqu’à ses 18 mois, fait résonance avec l’histoire de certaines familles dont les enfants sont ou ont été confiés à une assistante familiale ou à un foyer. Certains parents nous parlent d’Islande, interrogent son vécu, son présent, son futur, expriment leurs craintes… Mais au final, parlent-ils réellement d’elle ?

Calme et spontanée, Islande, par sa seule présence, permet d’alléger des moments de tension, d’anxiété, d’angoisse lors de la visite d’un enfant et/ou d’un parent. Une petite Lilly de 3 ans et demi est venue spontanément avec sa maman pour partager un temps avec les professionnels. Lilly était pâle, ne parlait pas, restait accrochée au bras de sa maman jusqu’à l’arrivée d’Islande. Cette dernière est immédiatement venue la voir pour se faire caresser et jouer. En quelques minutes, le visage de Lilly a changé, elle a retrouvé le sourire, des couleurs et s’est détachée de l’adulte. Dans cette situation, on remarque qu’Islande installe une sécurité affective et permet de déverrouiller les choses. Elle semble rassurer Lilly par sa force tranquille. Une fois la sécurité affective installée et le monde intérieur de Lilly déverrouillé, cette petite fille peut sortir de ses blocages et inhibitions, et ainsi libérer toute la gamme de ses émotions et compétences.

Nous accompagnons également Théo, 3 ans, qui ne supporte pas la frustration. Il se met très rapidement en colère, pleure de longues minutes sans consolation possible. La vue d’Islande paraît « magique », il se calme instantanément. Il arrive à se poser quelques minutes près d’elle alors que, en temps normal, il passe d’une activité à l’autre. Il est très brusque, mais avec Islande, il a des gestes adaptés, tendres et lui parle beaucoup. La chienne va vers lui, le regarde dans les yeux dès qu’il se pose, peut lui lécher la main, lui donne la patte ou la pose sur son bras lorsqu’il la caresse, remue la queue, lui propose sa balle pour jouer. Théo sort alors de son état d’angoisse, de colère et montre des capacités inattendues de communication. Face à certains comportements agressifs ou brutaux des enfants, on remarque qu’Islande réagit par l’évitement ou la fuite. Cette attitude renforce le sentiment de sécurité affective de l’enfant.

Islande nous aide à évoquer l’hygiène, qui reste un sujet très délicat. C’est un problème récurrent dans l’accompagnement, qu’il s’agisse de l’hygiène du logement, corporelle, dentaire ou vestimentaire. La chienne parfois ne sent pas très bon, ce qui permet de mettre en place des ateliers avec la famille pour toiletter l’animal et aborder la question de l’odeur désagréable pour soi et les autres, et ce qu’il est possible de mettre en place pour améliorer les conditions d’hygiène. Il est également possible de brosser les dents du chien ; ce n’est pas l’atelier préféré d’Islande mais il est essentiel d’attirer l’attention des parents sur l’importance de ce soin. Nous sensibilisons ainsi au haut risque de caries ou « syndrome du biberon », du fait de la prise de biberon de lait, d’eau sucrée ou d’autres liquides sucrés à l’endormissement, lors de la sieste ou la nuit.

Le poids d’Islande est une préoccupation majeure pour ses référents. Nous sommes tenus de la garder à son poids de forme, ce qui implique un régime strict et une activité physique suffisante pour son bien-être physique et psychologique. C’est un atout pour parler de l’équilibre alimentaire et de la nécessité des sorties quotidiennes.

« Par son attitude d’écoute apparente, [l’animal] a le pouvoir de rassurer l’enfant qui lui parle et le regarde, de lui donner ou redonner confiance, et de lui permettre de dépasser ou de relativiser ses peurs. »
Hubert Montagner

La présence d’Islande avec les professionnels favorise et facilite les sorties des enfants ou des parents. Mme D. ne sort plus de chez elle avec ses enfants de 2 et 3 ans car ils n’écoutent pas, et se mettent en danger. À la dernière sortie, son garçon de 3 ans a failli être renversé par une voiture. Une proposition de sortie avec Islande en double laisse est faite à la maman. Toutes les sorties proposées à la famille ont été jusqu’à ce jour refusées. Nous voilà donc en promenade avec la famille et Islande, munie de son harnais, d’une laisse courte et d’une laisse longue. Le petit s’accroche au harnais et le plus grand tient la laisse courte. Les enfants, heureux, ont tenu le chien pendant 45 minutes sans que les adultes interviennent. Ils ont marché sans se plaindre, à la grande surprise de leur mère. Pendant cette sortie, les enfants ont été sollicités pour parler au chien, pour le faire s’asseoir, pour repartir, pour faire doucement. Les enfants répètent les mots avec plaisir et essaient de faire écouter Islande. Cet aspect ludique de l’activité est alors une source supplémentaire de motivation, et la réussite procure du plaisir à l’enfant, le valorise, l’incite à recommencer et à prendre confiance en lui. À notre retour, les enfants sont plus calmes à la maison, ce qui permet à la maman de prendre conscience du bénéfice des sorties. La présence d’Islande ajuste les comportements, les actions et les émotions des personnes. Islande devient un « objet » d’attention conjointe, tiers qui sert de « point d’appui » à la relation. D’autant plus qu’elle est un être vivant qui invite également à la relation. Elle participe à l’accordage des interactions entre tous les protagonistes de la sortie.

Dès qu’ils le peuvent, les enfants cherchent à imiter les animaux, tant à l’égard des vocalises qu’au niveau moteur. Nous utilisons donc cette capacité en proposant des ateliers de psychomotricité. Le chien incite le bébé à bouger, à essayer de l’attraper, à tourner la tête. Il encourage également le passage de la position assise à la position debout. C’est le cas de Marie, 13 mois, qui fait de gros efforts pour se mettre debout et essayer de toucher Islande tout en se détachant de son père. La séance fut conviviale, avec un père ravi de voir les progrès de sa fille, joyeuse dans ses découvertes et apprentissages.

En fin de séance, nous proposons toujours un temps plus calme où le chien se couche près des enfants. Il permet une stimulation sensorielle chez le petit par le contact physique avec le corps de l’animal (le pelage, la chaleur, la respiration, l’odeur), il peut regarder, sentir et écouter. Ce temps calme est un moment privilégié pour Adrien, 2 ans et demi. Ce petit garçon n’arrive pas à se poser, il s’agite dans tous les sens, ne fixe pas le regard de l’adulte et ne supporte pas d’être touché. Dès qu’Islande se couche, il s’assoit à côté d’elle et la caresse très délicatement tout en la regardant avec un visage détendu. Une nouvelle fois, nous constatons qu’une sécurité affective s’installe et qu’elle se traduit par l’apaisement d’Adrien. Ce petit garçon nous montre alors qu’il est possible pour lui d’entrer en relation, en communication avec autrui.

 

Conclusion

Islande est un médiateur très pertinent, en facilitant la relation entre les parents et les professionnels. Sa simple présence dans le service permet d’aborder des sujets très difficiles qui sont même parfois discutés à l’initiative des parents. Elle n’est cependant pas une « baguette magique », ne règle pas les problèmes du quotidien. Mais notre accompagnement à la parentalité est facilité par la similitude des besoins fondamentaux et compétences socles des enfants et du chien.

D’autre part, Islande installe l’enfant dans une sécurité affective. Elle permet la levée des blocages et inhibitions de l’enfant et l’aide ainsi à exprimer ses émotions et son état affectif. Elle apaise, rassure, donne ou redonne confiance, permet de dépasser ou de relativiser les peurs.

Ainsi, elle joue un rôle primordial dans le développement de l’enfant et lui permet une ouverture sur le monde extérieur. La présence d’Islande dans un service de protection de l’enfance permet de travailler différemment, d’expérimenter les possibles, d’apporter des sourires et du plaisir dans la rencontre. Alors, osons la rencontre parents/enfants avec le chien !

 

Notes

  • [1]

    C’est un chien dit « d’utilité », éduqué par l’association Handi’Chiens. Il est confié à une équipe ou à un professionnel du soin ou médico-social, qui aura suivi au préalable plusieurs formations référent-chien. L’animal peut rester huit à dix ans dans l’établissement. Sa vie, ses activités, son bien-être sont rigoureusement pensés en amont, www.handichiens.org

 

Photo de Ryutaro Tsukata: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/heureux-chien-de-race-pure-avec-la-bouche-ouverte-5472412/

Commentaires

Ajouter un commentaire

Vous devez vous connecter pour poster un message !

Contact

33 avenue Marcel Dassault
31100 Toulouse

05.61.95.67.35

hello@spirale.com

Newsletter personnalisée

Inscrivez-vous à notre newsletter personnalisée et recevez des informations et conseils sur les thèmes que vous souhaitez !

S’inscrire à la newsletter

© 2024 Spirale - éditions érès | Mentions Légales | Plan du site