« Donc, bonne chance à Spirale, qui veut célébrer les mérites des nouveau-nés, sans pour autant détruire les mérites des frères aînés. Ainsi cette nouvelle revue nous permettra “d’être ensemble” et de pouvoir affirmer à ceux qui nous succéderont : “Oui, nous avons fait ensemble et nous avons été ensemble”, pour l’avenir de l’homme que sont les bébés. »
2 Serge Lebovici concluait par ces mots son texte d’ouverture du premier numéro de Spirale, en septembre 1996. Il l’avait intitulé « Pour Spirale ». C’est seulement après sa mort que j’ai remarqué cet italique du pour. S’agissait-il pour lui d’une simple contribution pour une revue ou marquait-il par là son adhésion à notre projet éditorial ? Nous assurait-il de son engagement à nos côtés, dans cette grande aventure de Monsieur Bébé que nous souhaitions dire, à notre façon, plurielle et métisse, rythmée d’art et de sensualité, dans une langue accessible à tous ?
3 Pour Spirale qui venait au monde, il n’était pas de doute possible. Serge Lebovici se devait d’être la première fée penchée sur son berceau. Parce que depuis si longtemps, il faisait tellement partie de notre famille de rêve, vous savez bien, celle que l’on se fabrique, merveilleuse et imaginaire, et qui structure notre vie professionnelle. Dans la famille de Spirale, demandez le grand-père.
4 Nous avions demandé à Myriam David d’être la bienveillante marraine, lumineuse et sereine, de cette aventure, et notre grand-oncle d’Amérique, T. Berry Brazelton, nous couvait de ses sourires craquants. Quelle belle famille ! Nous étions tous ravis d’en être. D’être ensemble, comme il disait.
5 Nous avons été ensemble quelques années. Jour et nuit, car Serge nous envoyait parfois, vers 2 ou 5 heures du matin, un petit texte, un coup de gueule, une analyse de livre. Pour le premier numéro de l’an 2000, sollicité pendant l’hiver 1999, entre deux hospitalisations, c’est par mail, à 1 h 30 du matin, qu’il nous transmit son article, « Le bébé roi ? », où il se demandait « si les psychanalystes, qui ont tellement contribué à la connaissance du développement précoce des enfants, doivent encore insister sur ses prouesses. »
6 Il avait été aussi de ceux qui inaugurèrent la collection « Mille et un bébés », en septembre 1997, dans son premier titre, Transmettre la vie.
7 Et là, au cœur de l’été 2000, le 12 août, il est mort.
8 Nous, Sylvain Missonnier et Patrick Ben Soussan, devions nous retrouver, tous les deux et en famille, pour célébrer la lumière provençale. Le hasard et la nécessité en ont fait ainsi : c’était désormais les jours qui précédaient les obsèques. L’idée de ce numéro de Spirale dédié à Serge Lebovici est née là, entre peine et convivialité, blessure du deuil du bébologue aimé et rires d’enfants endiablés. Nous voulions sûrement le garder encore un peu présent parmi nous, Serge, et peut-être aussi transmettre ce qu’il avait su animer dans notre travail et surtout dans ce qu’il nous avait donné à découvrir, à comprendre et à aimer, dans ce domaine si extraordinaire de la psychiatrie de l’enfant et du bébé, qu’il avait si fort promu.
9 Qui était donc Serge Lebovici et comment témoigner, au plus tôt et au plus près, de son œuvre si considérable ? Ici réunis, de multiples compagnons de route, hésitant entre émotion et transmission, sillonnent, ensemble, « la grande aventure de Monsieur Bébé » selon Serge Lebovici.
10 Pour Lebo, comme nous l’appelions ; pour ce qu’il nous a légué, de son travail, de sa façon d’être et de penser ; pour Ruth, sa femme, Elisabeth et Marianne, ses filles, sa famille ; pour les bébés d’aujourd’hui et de demain qui ne manqueront jamais de le commémorer, au plus vif de notre clinique.
Fabrice Hybert
11 C’est Elisabeth Lebovici, critique d’art à Libération entre autres, qui a contacté cet artiste dont elle nous parle au verso.
12 Fabrice Hybert n’est pas seulement l’un des plus célèbres et les plus reconnus parmi les plasticiens français d’aujourd’hui. Il est aussi l’un des artistes dont le travail me paraît correspondre adéquatement, à la fois au sujet de la revue et à son beau titre Spirale. Opérant sur tous supports, de la toile au Web, de la vidéo à l’installation en passant par le dessin (l’un de ses médiums privilégiés, quand même), l’œuvre de Fabrice Hybert en déborde sans cesse, à la mesure de la prolifération de la pensée. Du fonctionnement psychique, à la fois dans ses fluctuations et ses méandres, ses capacités d’ellision et de métaphorisation, ses dérives et ses rationalisations, Fabrice Hybert ne donne point une figuration fixe (une illustration), mais bien plutôt une vision dynamique, divaguant toujours entre le personnel, l’intime, le corporel et l’institutionnel.
13 Ainsi, la spirale à rebours. Elle va ici, certes dans le sens des aiguilles d’une montre et donc, de la lecture courante ; mais en même temps, si l’on suit la progression des chiffres, on part de la périphérie pour arriver vers le centre, vers son logo animal en forme d’arobase.
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