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Un spectacle-paysage interactif de Benoît Sicat
25 nov. 2022
Temps de lecture : 2 min

« Faire le plus possible avec, le moins possible contre. »
Gilles Clément

Plutôt méfiante à l’égard des spectacles à l’adresse des enfants qui s’annoncent interactifs, j’ai été très agréablement surprise par Le jardin du possible de Benoît Sicat, véritable plasticien jardinier et poète.

Le jardin du possible est un spectacle-paysage interactif, s’adressant aux enfants de 18 mois à 3 ans. On entre sur le plateau, dans le noir, directement dans une installation très soignée, très belle, faite de plusieurs carrés au sol, chaque carré étant composé de matériaux tout droit sortis des champs, des forêts ou du lit d’une rivière. Ces cailloux, brindilles, pommes de pin, morceaux de bois, galets, sarments de vigne, morceaux d’écorce, sont disposés en des tableaux uniques et savamment éclairés par des lumières et des projections de diapositives. Dès l’entrée on est surpris par la beauté, la quiétude et le silence du plateau.

Le jardinier est là, il fait corps avec une de ses compositions, déplaçant avec beaucoup de concentration certaines pièces ; ses gestes sont précis, il intervient directement sur l’œuvre, et nous, nous assistons en spectateurs privilégiés à une étape de fabrication de l’œuvre. Nous voyons le tableau évoluer, ce carré bien délimité s’ouvre, laissant échapper ses éléments pour construire un chemin. Et puis tranquillement, le jardinier qui façonne ce paysage nous tend des morceaux de bois et nous invite à faire comme lui, à intervenir sur ce paysage en mouvement, complètement irréel et fictif.

Chaque installation produit des gestes précis qui se traduisent en tableau visuel et sonore : les galets sont frottés les uns contre les autres, un rythme est lancé avec deux bâtons frappés sur le sol, des graviers crissent en s’étalant…

Les enfants sont très réactifs et s’emparent avec tout leur corps de cette invitation à toucher, bouger, occuper l’espace visuellement et musicalement. Ils sont tout de suite dans le jeu, dans l’imitation au début, pour laisser très vite libre cours à leur imagination et à leurs ressentis physiques, sensoriels.

C’est magnifique de les voir très concentrés, dans leur bulle, seul ou à plusieurs, initiant entre eux à leur tour des codes de jeux avec les objets, les sons et la lumière. Ils explorent sans limites les matières, les objets, leurs formes, leur densité, les assemblent : une petite branche vient se lover dans le trou d’un galet, deux pierres cognées l’une contre l’autre produisent de la matière sonore…

Benoît Sicat en est le chef d’orchestre, d’un grand orchestre… d’enfants… dont la formidable capacité d’improvisation a de quoi faire pâlir les plus grands artistes. Il ne dirige pas, il conduit et accompagne, tout à l’écoute des rythmes des enfants, de leurs mouvements, de leur corps, de leur voix. Nous, adultes, sommes de bien piètres spectateurs, démunis, voire frustrés devant cette belle liberté totalement assumée…

Et puis petit à petit, les lumières s’éteignent, carré après carré (ou du moins ce qu’il en reste), les enfants sortent très tranquillement de leur bulle de création, quittant le plateau aussi naturellement qu’ils y sont entrés, retrouvant le cours normal de leur vie…

Le jardin du possible n’est pas seulement un spectacle interactif, il s’agit « d’un espace d’écoute mutuel entre adultes et enfants, d’une improvisation en partage », comme son auteur le définit avec justesse dans ses notes d’intention.

Lien : Le jardin du possible http://benoitsicat.blogspot.fr/


Photographies de Nicolas Camus

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