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Quand bébé s’annonce dans le foyer, nul doute que la place du chien familier, plus ou moins infantilisé, risque de changer et d’entraîner des réactions de la part de ce dernier.
17 nov. 2022
Temps de lecture : 13 min

« Les enfants s’instruisent sur eux-mêmes et sur leur place dans le monde à travers l’engagement avec le royaume animal. »
G. Melson

 

Si de nombreuses personnes considèrent leur chien comme un membre de la famille, ils le comparent surtout à un enfant. Fidler (2003) définit une ressemblance entre la relation parent-enfant et homme-chien, à la différence que la seconde reste constante car le chien conserve durant toute sa vie son aspect juvénile.

 

Préambule

Après la découverte de la grossesse, de nombreux propriétaires d’animaux témoignent du changement d’attitude observé chez leurs compagnons à quatre pattes ; il n’est pas rare d’entendre en consultation que l’animal du foyer se fait plus proche de madame, avec des contacts plus fréquents qu’à l’accoutumée. Que perçoit véritablement le chien du foyer ?

Place de l’olfaction dans la communication intra-spécifique

Chez le chien, deux grands types de messages olfactifs sont décrits (Pageat, 1999) :

– les phéromones : ce sont des substances agissant comme les hormones, c’est-à-dire que les individus y sont sensibles car ils possèdent des récepteurs adaptés. Elles sont émises par l’animal, en fonction de son état physique et émotionnel, et perçues quel que soit le passé de l’individu, par tous ceux de son espèce ;

– les odeurs sociales sont d’autres médiateurs chimiques qui ne prennent sens qu’après un certain apprentissage. Elles permettront aux individus d’un même groupe de se reconnaître en tant que tels.

Nous savons que la communication olfactive entre chiens est première. Qu’en est-il avec l’homme ?

Place de l’olfaction entre l’homme et le chien

Au sein de la communication entre l’homme et l’animal, nous reconnaissons que l’olfaction permet aux chiens d’appréhender une information concernant l’identité (odeurs sociales) et l’état émotionnel du sujet humain (stress, peur, appréhension…) (Filiatre, Millot, Eckerlin, 1991). On remarque que ce comportement diffère suivant l’individu « exploré » ; le chien s’attardera plus sur un inconnu que sur un familier. Cela dit, nous ne saurions prédire le degré de captation de phéromones de la part de l’animal envers l’homme.

Au sein même du milieu vétérinaire, il est généralement admis que le chien connaît le statut hormonal de l’humain qu’il côtoie. Si l’on fait l’hypothèse que le chien connaît l’augmentation du taux d’œstradiol lié à la grossesse, rien ne nous prouve qu’il puisse le relier à l’arrivée du tout-petit. D’ailleurs, une des premières recommandations données par les professionnels du chien est de rapporter de la maternité un linge portant l’odeur de bébé dès sa naissance (Weiss, 2002). Quand le petit est là, il est indiqué de le présenter à l’animal en lui faisant renifler ses pieds. Considérant, en effet, que le chien ne sait pas ce qui l’attend, il est judicieux de respecter l’importance du monde olfactif pour préparer la rencontre. Toutefois, la préparation du chien à l’arrivée du tout-petit commence en fait très en amont, dès les premières phases de développement du chien.

 

Développement du chien et familiarisation à l’homme, à l’enfant, au bébé

Préparer l’arrivée du tout-petit revient en premier lieu à connaître la capacité d’adaptation du chien au foyer. Car oui, pour une majorité de chiens, il ne sera pas d’emblée considéré comme un familier au même titre que les adultes voire les enfants du foyer. Le bébé peut ainsi être vécu comme un parfait inconnu, et l’adaptation sera donc nécessaire. Or, cette capacité d’adaptation est grandement liée au déroulement des premières phases de vie.

Les phases de développement et la familiarisation à l’homme

Le chien est une espèce nidicole qui a besoin d’aide au développement. Durant les trois premières semaines de vie, l’équipement sensoriel se met progressivement en place, permettant à l’animal d’identifier sa figure maternante comme étant unique et à laquelle il va pouvoir s’attacher. Il va sans dire que les compétences maternelles jouent un rôle dans la qualité de l’attachement, à travers de nombreux ajustements sensoriels. Connaître l’origine du chien et ses conditions de développement à l’annonce de bébé est donc précieux pour s’assurer d’un attachement sécure et d’une bonne socialisation. En effet, l’attachement sécure permet à l’animal d’activer son système d’exploration qui autorisera l’explosion motrice des premières semaines et l’ouverture de son champ d’expériences.

Un déroulement correct des phases de développement est tout d’abord le garant d’une bonne socialité entre chiens.

C’est à la suite de ces trois premières semaines de vie que les chiots entrent véritablement dans la période de socialisation. C’est principalement à travers le jeu que le chien apprend les codes de communications canins. Il reste dans une grande curiosité de la nouveauté jusqu’à 7 semaines. Il est important, pour une bonne familiarisation à l’homme, que le chien soit en contact fréquent avec lui dans cette période sensible. Jusqu’à 4 mois se déroule la phase de socialisation primaire, et l’animal établit ses seuils de réactivité par rapport aux expériences vécues. Il apprend également à contrôler ses morsures en fonction des réactions de la fratrie et de l’intervention de la mère. Un déroulement correct des phases de développement est tout d’abord le garant d’une bonne socialité entre chiens (Deputte, 2000).

Entre l’homme et le chien, on insistera sur la qualité de la familiarisation. Lorsqu’une espèce sociale est amenée à communiquer avec une autre espèce, comme c’est le cas du chien avec l’homme, il se crée une nouvelle relation, des interactions basées sur la familiarisation, et entretenue par les bénéfices que procure cette relation familière (Vieira, 2012).

Du bon chien de famille, « on peut donc attendre de lui qu’il sache se comporter de manière ajustée et adéquate avec ses congénères, mais qu’il puisse aussi nouer des relations et communiquer avec l’homme, car il est habituellement exposé à un environnement domestique constitué à la fois de chiens et d’humains » (Miklósi, 2008, p. 20). Il est à noter que la qualité d’attachement primaire à la mère facilitera la création d’un nouveau lien d’attachement à un familier, comme l’homme, dans cette phase de développement du chiot.

Dans notre cas, soulignons que la familiarisation du chien à l’égard de l’homme est sans cesse à entretenir. De plus, se familiariser avec un adulte (homme et femme), un enfant et un bébé, est pour le chien assez différent ; d’où l’importance, dans cette phase de socialisation, de multiplier les rencontres, diverses et variées, de manière progressive et douce. La compétence de familiarité à l’enfant, par exemple, se perdra avec le temps si des rencontres positives ne sont pas répétées.

À l’arrivée de bébé, du point de vue de l’animal, nous mesurons donc l’importance des contacts progressifs et positifs avec cet inconnu. C’est pourquoi de nombreuses recommandations vont dans le sens de récompenser le chien en présence du bébé quand l’animal affiche un comportement calme et ajusté au tout-petit.

Nous le disions : plus un chien a eu des conditions de développement satisfaisantes, plus il s’intégrera facilement à son foyer et sera adaptable à de nouvelles situations comme l’arrivée d’un tout-petit. Aussi, il est bon de connaître la provenance de son animal, ou de favoriser l’adoption d’un chien déjà élevé en famille, plutôt qu’issu d’un circuit de grande distribution. En effet, les séparations précoces du chiot avec sa mère et avec la fratrie, observées en animalerie, peuvent fragiliser le développement et nuire à la qualité d’adaptation future du chien.

 

Facteurs de risque pour le tout-petit en lien avec le chien et sa famille

Nous pouvons appréhender maintenant que de nombreux troubles du comportement sont issus de carences globales dans cette phase sensible du développement. L’arrivée de bébé peut motiver une prise de conscience, voire une prise en charge du trouble par un vétérinaire spécialiste. Même si les chiens avec une carence développementale ne manifestent pas tous des troubles (Béata, 2003), il s’agira bien d’estimer le risque encouru par la famille, d’en tenir compte et d’y travailler si possible.

Carences de développement chez le chien et risque d’agression

La séparation précoce du chiot d’avec sa mère avant 6 semaines peut avoir des répercussions sur le tempérament agressif du chien. Les chiots sevrés avant cet âge semblent significativement plus stressés et présentent un déficit de socialisation (Mogi et coll., 2011).

Il est ainsi conseillé de ne pas séparer le chiot de la mère avant 8 semaines. De même, Jagoe et Serpell (1995) mettent en relation les problèmes comportementaux et l’origine des chiens. Ceux issus de refuges, d’animaleries ou récupérés après errance ont une plus grande prévalence d’agression dite de « dominance », comparativement à des chiens nés chez un particulier. Une étude plus récente encore (Bennett et Rohlf, 2007) met en évidence que les chiens provenant d’animaleries seraient plus agressifs que ceux provenant d’éleveurs.

En connaissant l’origine du chien, le vétérinaire mettra donc en garde la famille au regard du risque potentiel d’agression, d’autant plus que différentes enquêtes ont montré que ces risques étaient sous-estimés par les propriétaires de l’animal (Hoummady, 2014).

Nature des agressions chez le chien

Il me semble important d’insister sur le fait que le chien, dans son répertoire comportemental ou éthogramme naturel, exprime le comportement d’agression. L’agression est définie en éthologie comme un comportement agonistique, permettant de mettre à distance un autre individu (Deputte, 2007). L’objectif pour l’animal est soit d’assurer son autoprotection, soit de protéger une ressource de type alimentaire ou affectif. Ce comportement joue un rôle essentiel dans la survie de l’individu et de son espèce.

Le propriétaire peut être assimilé à une ressource par l’animal. La présence de bébé, avec ses pleurs notamment, est susceptible d’entraîner au départ des confusions chez le chien, guère familiarisé à l’enfant, qui peut ainsi croire sa « ressource » en danger. Un grand nombre d’agressions se produisent aussi lorsque des intrus pénètrent dans la maison du propriétaire, notamment chez les jeunes chiens (Hart et Hart, 1988 ; Adams et Johnson, 1993). Il s’agit dans ce cas d’agressions territoriales.

Nous voyons donc l’importance de ne pas cacher au chien le petit de l’homme qui arrive dans la famille, mais aussi d’y aller par « petites touches » dans les premiers contacts. Il est souvent conseillé à la mère de reprendre contact avec l’animal, dans un premier temps sans son bébé, et de le présenter par la suite ; et ce, d’autant plus si le chien n’a jamais été au contact d’un tout-petit.

Dans les signes qui peuvent précéder une agression, nous pouvons noter le bâillement, le léchage de la truffe ou le détournement du regard, ces signes témoignant d’un stress chez l’animal. Or, dans la majorité des cas, c’est bien un stress qui motive l’agression.

Qualité de la relation et agression

La qualité de la relation entre le chien et le propriétaire diminue l’agressivité chez le chien (Haverbeke et coll., 2008). Ceci confirme les résultats de Hsu et Sun (2010) qui montrent que les chiens plus souvent punis semblent plus agressifs. Ces résultats confirment également ceux de Clark et Boyer (1993), qui développent que l’entraînement du chien via des apprentissages, couplé à des conseils concernant le comportement canin, menait à une amélioration de la relation homme-chien et diminuait les problèmes d’agressivité.

Travailler la qualité de la relation du chien avec les membres de la famille semble, en effet, une des meilleures préparations à l’arrivée de bébé. L’animal n’a de cesse de mesurer cette qualité relationnelle qui lui assure la cohésion du groupe. La tendance naturelle du chien correctement lié à son groupe, en cas de stress, sera davantage axée sur la fuite, afin de conserver la cohésion existante. Le chien peut ainsi offrir cette chance de travailler sur la cohésion familiale avant l’arrivée du tout-petit, pour le bien de la famille dans son ensemble.

Il a été démontré par ailleurs que le fait de prendre soin des besoins de l’animal fait grandir l’empathie chez l’homme et sa capacité de décentration. S’engager dans une relation avec un animal participe bien de la préparation au rôle de parents. Une étude sur les animaux domestiques et la prosocialité des jeunes a pu démontrer que cette préparation commence dès la préadolescence (Traina, 2001).

Avant l’arrivée de bébé, nous en concluons, naturellement, que travailler l’éducatif du chien de manière positive renforcera non seulement la relation mais la sécurité du tout-petit.

Nous pouvons nous interroger maintenant sur la qualité de la communication homme-chien.

Communication entre l’homme et le chien

Le système homme-chien est avant tout un système asymétrique ; les points communs entre le maître et le chien se résument à leur appartenance à la même classe de mammifère social. Leurs capacités sensorielles et cognitives inégales expliquent les nombreuses divergences concernant non seulement leurs constructions respectives de la réalité à partir de leur environnement commun, mais également leurs interprétations des schèmes de communication mutuels (Gautier, 1995).

En effet, la communication entre l’homme et l’animal se fait sur un mode analogique ou non verbal, où le contenu du message ne peut être aussi bien défini qu’en mode digital. Comme nous l’avons déjà évoqué, c’est l’aspect relation qui prime dans la communication entre l’homme et l’animal. L’animal n’aura de cesse d’évaluer et de réévaluer la relation, à travers les messages émis par son propriétaire. Or, le risque de faire des erreurs de communication est important, d’autant plus important que l’homme n’est souvent pas conscient de la manière dont il émet ses messages et, par familiarité, il englobe l’animal dans sa propre manière de communiquer. Nous voici face au déni de la dimension animale où, la différence n’étant pas reconnue, la communication est souvent unilatérale. Nous communiquons avec l’animal plutôt pour communiquer avec nous-mêmes, voire avec une tierce personne par l’intermédiaire de l’animal.

Nous nous retrouvons au cœur de l’anthropomorphisme témoigné à l’égard de nombreux chiens de famille. À l’arrivée de bébé, cette question ne peut être traitée à la légère.

 

L’anthropomorphisme au regard de l’arrivée de bébé

Les perceptions et les réactions de l’animal vis-à-vis du nouvel arrivant risquent d’être fortement corrélées au degré d’anthropomorphisme de sa famille. Plus ce degré sera élevé, plus l’arrivée de bébé peut être source de stress pour le chien, et donc de danger pour le tout-petit.

L’animal-enfant

L’anthropomorphisme est encouragé par la domestication et la sélection des différentes races. De nombreuses races à l’âge adulte ne dépassent pas le poids d’un enfant. En effet, elles ont été sélectionnées de manière à conserver, chez les animaux adultes, des caractéristiques juvéniles. On parle de « néoténie » (Digard, 2006). Ainsi, certains traits physiques ou certains comportements demeurent immatures chez le chien (Coppinger et Coppinger, 2002). Face plate, yeux de grande taille, formes arrondies, membres courts, démarche maladroite, voix aiguë chez le chien, déclenchent naturellement le comportement de maternage de l’homme (Digard, 2006).

Travailler la qualité de la relation du chien avec les membres de la famille semble une des meilleures préparations à l’arrivée de bébé.

De là, il n’y a qu’un pas pour façonner l’animal en « animal-enfant ». Ce faisant, l’homme ne permet pas au chien de réaliser progressivement son étape de détachement de sa figure maternante humaine pour généraliser son attachement au groupe entier. Dès lors, on ne s’étonnera pas que le chien déclenche des réactions pour conserver ses ressources liées à l’attention affective du maître et, par exemple, à l’arrivée du tout-petit. O’Farrell a mis en évidence une corrélation entre l’attachement du propriétaire pour son animal et le risque d’agression encouru. Selon les conclusions de son étude portant sur les conséquences d’un intense engagement émotionnel et anthropomorphique, un propriétaire désirant avant tout être aimé par son animal a tendance à satisfaire toutes ses demandes et, de ce fait, crée des situations conflictuelles pouvant être à l’origine de réactions agressives de la part du chien (O’Farrell, 1995).

Anthropomorphisme et mesures éducatives

En repérant ces situations à risque, il vaut mieux avertir le propriétaire des risques possibles, d’autant que ce dernier n’en aura pas forcément conscience. Des conseils ou mesures éducatives peuvent être aussi observés pour limiter la prise de risques. Suite à une étude récente réalisée par une étudiante vétérinaire, des hypothèses comme « répondre si le chien réclame à table » ou « donner à manger à table » ont été retenues comme facteurs de risque de signes d’agression (Hoummady, 2014).

De même, l’accès à la chambre à coucher est sûrement à repenser avant l’arrivée du tout-petit. Une autre étude a dernièrement montré qu’avoir un chien qui dort dans la chambre du propriétaire est un facteur de risque d’agressivité (Messam et coll., 2008). Quoi qu’il en soit, que le chien dorme ou pas habituellement dans la chambre, repenser la place de chacun avant l’arrivée de bébé au sein même du foyer est judicieux pour amorcer des changements en douceur. L’attitude anthropocentrique prédispose le propriétaire à accéder à toutes les sollicitations du chien, tout en interprétant le comportement du chien du point de vue de l’homme, pouvant ainsi diminuer son seuil de tolérance à la frustration. Il est donc d’autant plus important que le chien n’associe pas ces frustrations à bébé afin de ne pas encourager les réactions agressives.

Enfin, une étude de Hsu et Sun (2010) confirme que des comportements tels que le vol de nourriture, le fait de cacher ses jouets ou de réclamer à table ont été significativement associés à des signes d’agression chez le chien. Aussi, chez les chiens exprimant plus facilement des signes d’agression, la valeur de la ressource alimentaire est plus élevée que chez les chiens qui n’en expriment pas. Il est donc important d’être vigilant sur les prises alimentaires associées à bébé avec les chiens gourmands.

Le cas Pupuce ou le poids des représentations

À travers une anecdote, « le cas Pupuce » (Cyrulnik, 1989), nous apprenons comment un chien qui avait un statut de « chien-enfant » se voit du jour au lendemain perçu par madame comme l’échec du couple en rupture. Ce « chien-enfant », qui bénéficiait jusqu’alors d’un maternage, d’un accueil dans la chambre à coucher, est du jour au lendemain mis à l’écart, alors qu’un autre chien de rue est adopté à ce moment-là. Les frustrations répétées que vit le chien le précipitent alors vers un état de résignation proche d’un état dépressif, qui est aussi une réponse possible de l’animal.

Cette anecdote témoigne de situations de vie parfois complexes, où l’animal n’est finalement que le lieu de projections de l’homme. Il fait partie de l’univers fantasmatique de son propriétaire et est porteur de ses représentations.

Une baisse de tonus, après l’arrivée de bébé, peut survenir chez le chien qui a occupé une place principale dans le foyer. Avec une recherche d’équilibre entre les relations à l’animal et le nouveau venu, cette dépression réactionnelle ne sera que passagère. Il est souvent conseillé de ménager des moments seuls avec son chien après la naissance du tout-petit, et de veiller à lui accorder assez d’attention.

Il serait intéressant de faire le point sur ce que l’animal représente pour le foyer, les motivations de son adoption antérieure à l’arrivée du bébé. Prendre conscience de ces représentations internes au sein de l’histoire familiale serait précieux pour garantir le bien-être du chien et l’harmonie du foyer.

Vers la recherche d’un équilibre

Voici un extrait du commentaire de Microcosmos, relatif à la perception propre du monde par chaque espèce (Nuridsany et Perennou, 1996) : « Les animaux nous entourent comme autant de questions. Chacun porte en lui la clef d’un monde. Le chien et l’homme, déambulant côte à côte, ne vivent pas la même promenade. Ils ne détectent pas les mêmes parfums, ne sursautent pas aux mêmes sons, ne relèvent pas les mêmes traces, ne déchiffrent pas les mêmes symboles. Presque rien dans leur corps, dans leur tête, qui soit au même diapason. Chacun marche dans un monde inventé. Celui que ses sens lui décrivent et que son cerveau traduit selon un code qui lui est propre. Les animaux habitent des univers parallèles aux nôtres, des univers vers lesquels nous pouvons parfois lancer de fragiles passerelles. »

L’homme n’est souvent pas conscient de la manière dont il émet ses messages et, par familiarité, il englobe l’animal dans sa propre manière de communiquer.

Cette belle citation nous conduit à dire un mot du concept d’Umwelt, défini par Von Uexküll dans les années 1930. En effet, chaque animal perçoit le monde en fonction de son système nerveux (Picq et coll., 2000). Nous avons vu que cette différence de vision du monde est à l’origine de conflits entre propriétaire et chien, pouvant entraîner des risques de morsures.

Alors pourquoi ne pas penser à une école des maîtres pour les futurs parents ? un café maître-chien/bébé ? Quelques cours d’éthologie canine à l’arrivée de bébé permettraient d’éviter certains écueils. Encourager les jeunes propriétaires à aller dans les écoles de chiot pour apprendre les bases est aussi une piste pour construire une relation de qualité.

En effet, c’est en agissant collectivement que les éducateurs, les éleveurs et les vétérinaires canins pourront véritablement transmettre aux propriétaires le savoir nécessaire à une entente harmonieuse entre l’homme et leur chien. Enfin, s’il est certain que l’anthropomorphisme, attitude ancrée dans les mœurs quotidiennes, n’est pas prêt de disparaître, on pourrait peut-être ainsi en réduire l’impact (Druguet, 2004).

 

Conclusion

Quand les parents s’engagent dans une relation à l’animal du foyer avant l’arrivée du tout-petit, c’est une belle opportunité pour la famille de se préparer à l’enfant qui vient. De plus, avec un chien bien intégré à son groupe humain, et un suivi vétérinaire et sanitaire régulier, le tout-petit va pouvoir jouir progressivement de ce contact avec cet autre si semblable et si différent.

Certains contextes de vie liés à l’animal ou à la famille sont plus délicats pour que chacun puisse trouver sa place. Les risques identifiés peuvent être moteurs pour des changements profonds, et à bénéfice réciproque pour l’animal et sa famille. Des passerelles entre les différents accompagnants familiaux et les mondes professionnels de l’animal sont à encourager pour la protection des membres de la famille, et en particulier, du tout-petit.

 

Photo by mali desha on Unsplash

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